Lettre pour Franz-Olivier Giesbert

Lettre ouverte de Emanasso à Franz-Olivier Giesbert
“EMDR animal”

vendredi 22 janvier 2016,

Bonjour Franz-Olivier Giesbert,

Nous nous permettons de vous faire part de l'interview suivant,ci-dessous, concernant le traitement émotionnel des animaux pour soulager : phobies, stress, comportement d'évitement..et agressivité.
Merci de votre retour


L’EMDR animal – Traitement du stress et des troubles émotionnels chez le mammifère
1ER ARTICLE DE LA SÉRIE
En collaboration de l’institut Emanasso, Traitement du stress et des troubles émotionnels chez le mammifère, nous allons aborder – dans une série de 4 articles – une pratique qui s’adresse (aussi) aux animaux: l’EMDR.
La thérapie EMDR (Eyes Movement Desensitization and Reprocessing) ou désensibilisation et reprogrammation par mouvement des yeux est une approche thérapeutique qui a fait l’objet de beaucoup de recherches et qui a prouvé son efficacité dans le traitement du syndrome de stress post-traumatique et pour bon nombre de souffrances psychologiques et émotionnelles telles que dépression, anxiété, phobie, addiction, trouble des conduites alimentaires….. C’est un type d’intervention à visée psychothérapeutique mise au point par Francine Shapiro après 1987.

La particularité de l’EMDR reste la stimulation sensorielle généralement appliquée sous une forme bilatérale alternée et le plus souvent par le biais des mouvements oculaires. Cette approche agit directement sur le cerveau limbique, siège des émotions.
Cette approche est reconnue par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) depuis août 2013, l’American Psychiatric Association (2004), le Département de la défense et les hôpitaux des vétérans aux États-Unis (2004). En France son utilisation est recommandée pour le traitement du syndrome de stress post-traumatique par la Haute Autorité de la Santé (HAS depuis 2007).

En 2010, Fabienne Lannes-Gillibert, Praticienne EMDR et Superviseuse EMDR certifiée Europe formée par David Servan-Schreiber, s’est penchée sur l’idée de pouvoir pratiquer cette thérapie aussi auprès des animaux mammifères et a conceptualisé un protocole EMDR spécifique pour les animaux (chien, cheval…), pour les soulager des troubles émotionnels tels que : phobies, irritabilité, inhibition, peur exagérée, agressivité.
Voici le fruit des échanges entre sandraetlechien, Fabienne et l’équipe d’Emanasso.

Sandraetlechien: De quoi parle-t-on avec l’approche EMDR avec les animaux?

Fabienne Lannes-Gillibert pour emanasso.com:
Tout d’abord, je tiens à vous remercier de l’intérêt que vous portez à l’approche EMDR pour animaux.
Car mon intention avec cette approche de soin est de soulager les animaux qui attendent de trouver un maître, dans les SPA, dans les refuges, et dont les comportements perturbés freinent leur adoption.
Nous sommes ici dans le champ de la neuroscience. Dans un processus naturel de guérison émotionnelle. Il ne s’agit pas d’une invention, mais d’une découverte d’un phénomène qui se produit lorsque nous rêvons : de « retraitement des informations » vécues. Nous devons cette découverte, dans le monde humain, à Francine Shapiro en 1987. C’est une approche qui agit directement sur le cerveau limbique.
Pour ma part, c’est en 2010, en observant le comportement de peur de mon chien, en ouvrant le tuyau d’arrosage dans le jardin, que j’ai eu l’idée d’adapter l’EMDR pour les animaux et d’en développer des protocoles spécifiques.
Tous les mammifères possèdent un cerveau limbique et c’est là le point de départ de la conceptualisation des protocoles EMDR pour animaux.

sandraetlechien:
La thérapie EMDR est une approche de psychothérapie qui utilise la stimulation sensorielle des deux côtés du corps, soit par le mouvement des yeux soit par des stimuli auditifs ou cutanés, pour induire une résolution rapide des symptômes liés à des événements du passé

Fabienne Lannes-Gillibert:
Il ne s’agit pas, comme vous le dites « d’induire une résolution rapide des symptômes », car nous ne travaillons pas sur les symptômes. Mais à partir des symptômes, nous traitons les éléments phobogènes qui produisent les réactions, les comportements, les symptômes de peur.

sandraetlechien: Les animaux sont-ils conscients des traumas reliés à des évènements de leur passé?
Fabienne lannes-Gillibert : Je ne suis pas sure qu’un chien puisse se dire : « j’ai peur de la bicyclette car un jour une grosse roue de brouette m’a écrasé la queue». De même, la personne qui, aujourd’hui, a peur de la foule, n’a pas forcément conscience que l’évènement passé d’origine, est qu’elle se soit perdue dans un magasin étant enfant.
Le travail en EMDR est une approche au coeur des neurosciences qui va agir directement dans les réseaux de mémoires sensorielles.

C’est-à-dire que lors du traitement, il se produit des connections inter-neuronales qui vont activer les canaux associatifs dans le réseau mnésiques dysfonctionnel et le traitement se déroule grâce à ce que nous appelons le TAI, le Traitement Adaptatif de l’Information, pour accéder au réseau mnésique fonctionnel. Ce qui produit un profond changement de la perception de la situation.


L’EMDR animal – 2E ARTICLE DE LA SÉRIE
Dans notre précédent article nous en étions arrêtés au fait qu’en EMDR animal, les praticiens ne travaillent pas avec la conscience des évènements passés, mais avec les mémoires sensorielles liées à cet évènement.
Poursuivons notre entretien avec Fabienne Lannes-Gillibert pour emanasso.com.

sandraetlechien: Fabienne veut établir une distinction entre le trauma et l’élément déclencheur
Fabienne Lannes-Gillibert pour emanasso.com:
Il y a trauma et il y a déclencheur actuel. Lors d’un trauma, c’est-à-dire lorsque l’individu vit une situation terrifiante, toutes les informations, tous les éléments sensoriels (auditifs, visuels, olfactifs…) contenus dans cette situation, vont se figer ensemble. Ensuite, et ce peut être des années après, peu importe le temps d’ailleurs, il suffit qu’apparaisse un seul de ces éléments, ou quelque chose qui lui ressemble et ce sera tout le réseau de mnésique qui sera réactivé: c’est le réseau mnésique dysfonctionnel.

Autrement dit, un mammifère peut développer ainsi la phobie d’un objet qui roule, si dans le trauma il y avait un objet analogue (une bicyclette par exemple). Peut être même que le simple bruit d’une roulette pourra réactiver toute la situation traumatogène, avec la même terreur que celle vécu lors du trauma. L’individu ressentira alors des émotions et aura des comportements d’apparence inadaptés en rapport à la situation présente, mais qui, pour lui, seront bien fondés.
Et il est important de savoir que cette notion de trauma est plus large encore. Elle ne se limite pas seulement aux situations vécues par l’animal lui-même : il suffit que le mammifère soit témoin d’un drame vécu par un congénère pour qu’il ressente dans tout son corps les sensations comme s’il l’avait lui-même vécu. C’est ce que les chercheurs nomment : les neurones miroirs, que possèdent tous les mammifères.
En EMDR animal, nous ne travaillons pas avec la conscience des évènements passés, mais avec les mémoires sensorielles liées à cet évènement.

sandraetlechien: Quels sont les prérequis pour bâtir cette approche EMDR animal: les animaux ont des émotions, ils ont des souvenirs… Quoi d’autres? c‘est pas un peu anthropomorphique?

Fabienne Lannes-Gillibert:
Vous voulez dire, n’est ce pas anthropomorphique de proposer l’approche EMDR aux autres mammifères que l’homme?
C’est pourtant bien ce que fait la science depuis des siècles, sans que personne ne s’en étonne! L’animal a toujours été utilisé en laboratoire, pour des expériences biologiques, somatiques, comportementales, donc, émotionnelles. Puis, les résultats de ces expériences ont ensuite été appliqués à l’homme.
C’était d’ailleurs le but : pouvoir mieux soigner l’homme à partir des expériences animales. N’était ce pas attester de la similitude entre l’homme et l’animal sur le plan de sa



constitution et de ses comportements? Personne n’a jamais qualifié cela de zoo-morphisme.

Aujourd’hui, en adaptant l’EMDR aux mammifères animaux, nous faisons l’inverse de ce qui s’est toujours passé : nous partons des résultats positifs de cette approche obtenus avec les humains, pour l’appliquer au monde animalier.
Et nous pouvons le faire, car l’EMDR agit sur le cerveau émotionnel. Tous les mammifères ont un cerveau émotionnel, c’est là le prérequis.

sandraetlechien: Sur quelles études scientifiques sur les animaux basez-vous votre pratique?
Fabienne Lannes-Gillibert:
Qu’est ce qu’une étude scientifique? Les études scientifiques partent toujours d’une observation ou bien d’une idée, d’une hypothèse, que l’on cherchera à valider, à confirmer par expérimentation.
Le point de départ de l’EMDR c’est l’observation faite par Francine Shapiro en 1987, sur elle-même, d’un phénomène de soulagement émotionnel produit par des mouvements bilatéraux alternés. Ce n’est que bien plus tard que les chercheurs ont confirmé, par l’expérimentation, par reconduction du phénomène, la réalité de sa découverte.
Il aura fallu 17 ans, pour que l’HAS (Haute Autorité de la Santé), en 2004, reconnaisse l’EMDR comme étant particulièrement efficace et rapide dans le traitement des états de stress post-traumatique. L’OMS validera l’EMDR en 2012, 25 ans après.
Heureusement que les praticiens en EMDR n’ont pas attendu 25 ans, la reconnaissance, pour traiter des centaines et des milliers de personnes souffrant d’ESPT (état de stress post-traumatique), comme les vétérans du Vietnam par exemple.
Avec les animaux, c’est le même chemin à suivre. Depuis des années, nous traitons des chevaux, des chiens…

1) Un chien qui ne pouvait pas monter dans l’ascenseur, au grand damne de sa maitresse qui habite au 7° étage, peut maintenant le faire, après un traitement en EMDR, sans aucun problème. Ce qui change la vie de sa maitresse.
2) Un cheval qui bloquait au passage des sauts d’obstacles, étonne maintenant tout le haras en sautant allègrement
tout obstacle.
3) Ce chien qui ne pouvait pas se laisser soigner les oreilles, attend maintenant patiemment que sa maitresse ait fini le traitement auriculaire. Etc…
Notre travail a commencé en 2010 et en 2013, les chercheurs du CNRS de Bordeaux ont validé l’efficacité de l’EMDR dans le déconditionnement de la peur chez les petits mammifères rongeurs.

sandraetlechien: Y-a-t-il des recherches en cours pour voir l’efficacité de cette approche?

Fabienne Lannes-Gillibert:
Oui, dans l’institut EMANASSO, institut dont je suis co-fondatrice avec Mme Bordat, directrice, nous avons créé le GREA, Groupe de Recherche pour le traitement EMDR avec les Animaux. Car nous avons observé que l’approche EMDR va encore plus loin que l’apaisement du stress, de la peur et des phobies chez l’animal : nous observons des modifications somatiques étonnantes et je crois que nous n’en sommes qu’au début. Le poil devient brillant, la tonicité devient meilleure, l’eczéma se réduit….ce que nous observons chez les humains au niveau des troubles somatiques serait donc possible aussi chez l’animal?
Ceci nous pousse toujours plus loin dans la recherche.

À suivre au prochain post….courrant janvier 2016 sur www.sandraetlechien.com







Auteur: Emanasso

Lettre pour Franz-Olivier Giesbert. Lettre 61.

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