Lettre pour Fabrice Luchini

Lettre ouverte de Isabelle G. à Fabrice Luchini
“Merci ”

samedi 28 mars 2020,

Monsieur Fabrice Luchini,

Je n'ai pas pour habitude d'envoyer une lettre à un acteur, notamment car je n'ai jamais été une "grande fan people" et que je prône la discrétion.
Cependant, je prends cette initiative après avoir regardé hier soir "Alice et le Maire" en compagnie de mon mari; que j'ajoute avec plaisir aux films qui m'ont grandement plu car ils perpétuent l'image que j'ai de l'Art avec un grand A.

J'ai été très touchée par la qualité des dialogues entre la normalienne et le Maire, la grande justesse de votre jeu d'acteur, la critique rayonnante de la société actuelle.
Le moment fort que je retiens est la rédaction du discours par M. Théraneau aidé d'Alice; d'une part pour la simplicité relationnelle des deux protagonistes (honnêteté et complicité); d'autre part pour le discours, qui est en tout point d'excellente qualité.
Le seul regret que j'ai est l'absence d'une fin strictement définie ainsi que ces trois années qui passent à la trappe.

J'aime les films desquels émane une vision plus large, une morale psychologique, grâce au travail de l'équipe de réalisation.
En ce film, j'ai vu une autre raison d'expliquer l'absence d'évolution politique du pays. Malgré le bon vouloir de certains politiciens et la clairvoyance de leurs idées, nous sommes lassés, le monde est en permanence modulé. L'excès d'idées nous assomme, tout comme il assomme le Maire (Publicité puis Politique) et lui fait oublier l'essentiel. Cette normalienne qui n'est pas maîtresse de sa vie et qui n'a pas de "driver"; cette Femme et cet Homme m'ont paru subir leurs vies plutôt que de la vivre.

Certains films de mauvaise qualité qui ont eu des succès planétaires, les shorts tanga et l'engouement pour des loisirs futiles, m'ont confortée dans ma conviction "que tous les vices à la mode passent pour vertus"; que la société devient de plus en plus monotone. Je ne supporte plus les films où le business est présent à travers un scénario bateau, une fin prévisible, des rôles creux, des dialogues plats bourrés d'humour graveleux, un français tâché par le langage de jeunes.
Je ne comprends pas pourquoi le niveau de français diminue avec les années, je ne comprends pas pourquoi la population générale est plus attirée par l'argent et le pouvoir à tout prix que par la simplicité, l'entretien de liens qui nous grandissent, la culture, l'ouverture d'esprit et l'accomplissement de Soi.
Je pense sincèrement que ces derniers sont les clés pour savourer chaque petit Bonheur quotidien et vivre pleinement notre vie sans trop de regrets. Les films Un homme pressé et Le mystère d'Henri Pick tout comme le Goût des merveilles m'ont émus en ce sens.

Depuis plusieurs années, depuis les Femmes du sixième étage, je ressens une grande satisfaction à l'issu des films dans lesquels vous jouez et vous faites indéniablement partie de mes valeurs sûres du Cinéma. J'aimerais savoir si vous choisissez vos rôles et si oui, sur quels critères le faites-vous.

Cordialement,

Auteur: Isabelle G.

Lettre pour Fabrice Luchini. Lettre 47.

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