Lettre pour Alexandre Arcady

Lettre ouverte de MERAD-BOUDIA Féthi à Alexandre Arcady
“Un dixième de rien; un dixième de tout.”

lundi 20 novembre 2023,

Bonjour Monsieur Arcady,
Sachant pertinemment votre emploi du temps très chargé, je me permets néanmoins de vous solliciter pour savoir si vous accepteriez de lire mon manuscrit. Les raisons qui me poussent à m’adresser à vous sont liées à votre carrière, vos prises de position de tout temps et maintenant plus que jamais sur l’Algérie et surtout votre dernier film « Le petit blond de la Casbah » relatant vos souvenirs en évoquant Alger et votre enfance.
Je suis franco-algérien, professeur chef de service en chirurgien au CHU d’Alger après avoir longtemps exercé à Paris, ce qui m’a valu d’avoir été admis en qualité de Membre d’honneur à l’Académie française de Chirurgie. Dans mon discours d’intronisation, je me suis permis de dire que de la fenêtre de mon bureau situé au quatrième étage, j’ai une vue sur la tombe de Roger Hanin.
Depuis l’âge de deux ans, ma vie est une succession de va et vient entre la France et l’Algérie. Cette bi-appartenance ne m’a jamais quitté. Fréquentant les Pied noirs en Algérie et les algériens en France, cela fait de moi, un témoin des maux qui rongent actuellement les deux berges de la méditerranée. L’Algérie postindépendance et la France à l’époque des trente glorieuses étaient pleines de promesses pour ne plus se détester car on a absolument tout pour s’aimer. C’est ce souhait que j’exprime à travers ce livre en prenant mon expérience personnelle et mes rapports avec ma mère comme prétexte et toile de fond.
Je pense que nous avons vécu dans les mêmes endroits pendant une période très intéressante qui est à mon sens rarement bien évoquée. Juste un exemple, les pieds-noirs sont toujours décris ou évoqués avec les mêmes clichés que je trouve réducteur alors que mon vécu avec eux est totalement différents et j’en garde encore à l’heure actuelle des amitiés et une correspondance ininterrompue.
RESUME : Un dixième de rien ; un dixième de tout
A Paris puis à Alger, ma mère, rapidement veuve, a dû élever ses dix enfants sans connaître un mot de français. Je n’ai jamais eu de gros problème de santé, j’ai toujours relativement bien travaillé en classe et à mon sens, ce côté sans souci m’a rendu totalement transparent auprès de ma mère. Ma stupidité m’a conduit à revendiquer en permanence mon quota d’affection chiffré à un dixième. Je n’ai de cesse à présent de revendiquer cette stupidité d’avoir cru qu’elle aurait pu porter sur moi un regard moins soutenu que sur mes neufs frères et sœurs.
Avec ma mère, elle avec son arabe châtié écrasant un français approximatif et moi avec exactement l’inverse, nous avons ensemble été obligés de nous construire au fur et à mesure un langage franc-arabe pour mieux nous comprendre. Dans cette quête d’harmonie, qu’importe le lieu, à Paris ou à Alger, tout le monde apportera son lot de peines et de joies sans aucune différence.
La fin de vie de ma mère a été paradoxalement une source de sensation extrême et bizarre à la fois. Extrême car son incapacité à pouvoir respirer étaient à chaque fois au bout de ma seringue et en lui rendant la vie, cela me procuraient la totale absolution. Bizarre car en soignant ma mère, je ressuscitais mon père et je n’étais plus orphelin.
En fin de compte, ce dixième de rien m’a toujours aveuglé et m’a empêché de voir ce dixième de tout.


Cette expérience de l’écriture littéraire est une première et votre critique serait pour moi et à plus d’un titre un excellent repère. Ma démarche a pour but de savoir si je dois limiter sa diffusion à mon giron familial, amical et uniquement en Algérie ou bien pensez-vous que je peux l’élargir à des personnes que je ne connais pas et surtout en France bien sûr.
Je tiens à vous exprimer une fois de plus tout mon respect pour votre carrière, et vous êtes à mon sens et pour beaucoup de mes compatriotes le témoin d’un amour indéfectible entre nos deux pays.

Très respectueusement

Féthi MERAD-BOUDIA

Tel en Algerie : #########
En France : #########
Email : meradfethi29@####.com

Auteur: MERAD-BOUDIA Féthi

Lettre pour Alexandre Arcady. Lettre 72.

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