Lettre pour Muriel Robin

Lettre ouverte de Association Terres à Vivre à Muriel Robin
“Prise en charge situation de violence conjugales”

lundi 8 juillet 2019,

Bonjour Muriel Robin,

Notre association Terres à Vivre, https://aterresavivre.org, que j’ai l’honneur de présider, s’articule autour de deux champs :
- Côté cour : un dispositif d’accueil et d’accompagnement des situations de violence qui propose une « alternative thérapeutique à la violence », tant aux victimes, qu’aux auteurs(e)s, plus particulièrement dans le cadre de la violence conjugale et intrafamiliale mais non exclusivement. Nous accompagnons également les enfants ou les adolescents ayant pu être confrontés à la violence au sein de leur famille. Lors de ces passages de vie difficiles, les professionnels du soin (psychologues cliniciens et psychothérapeutes, psychanalyste, micro-kinésithérapeute… formés en psycho-traumatologie, en victimologie, à l’accompagnement des états de chocs, de traumas et de leurs conséquences, des processus de deuil, à la thérapie brève, à la thérapie d’impact, au défusing et débriefing, etc ... ) et les bénévoles, proposent un accompagnement global et intégratif, prenant en compte tant le corps, les émotions et les processus cognitifs qui s’y rattachent par une approche clinique sur un plan psychologique, psycho thérapeutique mais aussi psychosocial et écologique.
- Côté jardin : des actions psychosociales et psychoéducatives à travers la mise en œuvre d’actions culturelles, artistiques artisanales, porteuses d’une réelle dynamique sociale partagée, activités que nous construisons et co-gérons avec les bénéficiaires de nos actions. Ainsi, nous avons construit un kiosque à musique en éco construction, mis en place une formation à la fonderie d’Art, réalisé un théâtre forum à destination des professionnels sur la violence avec des personnes victimes et auteur de violence, etc ...

Avec ces deux champs d’actions, l’écologie devient écopsychohogie, et l’écopsychologie devient écologie.
Nous contribuons ainsi tant au maintien des conditions d’une santé mentale, telle que définie par la Charte d’Ottawa, qu’à une prévention de la souffrance psychique et physique par un développement de la salutogénèse et du self-empowerment chez les personnes que nous accompagnons. Nous les rendons acteur de leur propre santé mentale, psychique et physique en mobilisant les professionnels et les structures adaptées à leur situation et à leur cheminement. Nous leur redonnons le pouvoir de prendre soin d’eux, de leur environnement et de leur santé, leur reconnaissant la possibilité de changer, tout en leur proposant un accompagnement global et évolutif. Une spirale vertueuse peut ainsi se mettre en place par une mobilisation active, positive, responsable, constructive des personnes qui deviennent actrices pour elles-mêmes et pour les autres, au sein de la société...

Vous l’aurez compris, nous prônons une vision psychologique et écologique de la santé, cela nous semble nécessaire et vital, car cette interdépendance entre la santé des êtres humains et celle de la planète nous montre qu’on ne peut pas résoudre les souffrances de la Terre sans faire le lien avec nos souffrances et vice-versa. De par notre expérience, nous sommes convaincus qu’une transformation de la société passe d’abord par une transformation personnelle.

La période actuelle est tellement propice à renouveler nos approches et notre fonctionnement individuel et collectif que j’ai apporté, en mars dernier, ma contribution personnelle et associative au grand débat national en écrivant au Président de la République, à son épouse, mais aussi aux ministres pouvant se sentir concernés par notre approche, Mmes et MM les ministres de la santé, de l’éducation, du travail de la justice, de l’intérieur, de la transition écologique, et Mme la Secrétaire d’état chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, mais aussi à la fondation des femmes.
J’ai présenté nos actions et leurs modalités, nos difficultés et nos besoins, notre façon d’aborder la souffrance psychique, de prévenir les troubles psychiques inhérents à certaines situations de tensions, plus ou moins durable, et d’intervenir pour renforcer la capacité de résilience des personnes que nous accompagnons. J’ai insisté sur la nécessité de pouvoir proposer une alternative thérapeutique spécialisée, tant aux auteur(e)s qu’aux victimes de violences conjugales et intrafamiliales, pour une réelle et durable sortie de la violence et de ses conséquences plus ou moins traumatiques.

Je vous écris à deux titres, parce que je vous admire, tant pour votre talent comique, que pour ce mélange de fragilité et de sincérité qui vous caractérise, mais aussi parce que je vous sais engagée dans la lutte contre les violences faites aux femmes.

La violence est un trauma pour tous, qu’elle soit agie ou subie. Pour 40 % à 50 % de notre public, elle trouve souvent son origine dans des situations antérieures plus ou moins traumatiques, plus ou moins conscientes, liée parfois à des problématiques de dépendance affective, d’immaturité, mais aussi des états de choc, des états de stress post-traumatique, des risques suicidaires ou des états dépressifs.
« Si, aujourd’hui, l’accompagnement psychologique de la victime semble aller de soi, même si elle se limite parfois à des conseils ou de l’écoute, la prise en charge de l’auteur n’est le plus souvent envisagée que de l’endroit de la sanction ».
Je vous invite à poursuivre la lecture de cet article écrit par Elisabeth Perry, coordinatrice des actions cliniques et psychosociales au sein de Terres à Vivre,
https://www.aterresavivre.org/c%C3%B4t%C3%A9-cour-le-28/articles/

La prévention d’une répétition (victimes) et de la récidive (auteurs) ne saurait se faire sans une prise en charge égale offerte à l’ensemble des protagonistes de la situation de violence (femmes, enfants, hommes, couple). Nous insistons sur la nécessité d’une approche thérapeutique spécialisée, avec des professionnels formés et expérimentés quant à cette thématique. Les enjeux, sortie et prévention de la violence et de ses conséquences, sont importants et primordiaux.

Nous n'évoquons pas ici les situations où l’auteur est un pervers, utilisant la violence pour exister et jouir de la souffrance de sa victime. Ici, la loi est plus que nécessaire pour contrer cette violence perverse et protéger la victime d’un processus profondément destructeur.

Pour votre information, à ce jour, 80 % de ces personnes auteurs viennent chercher de l’aide directement auprès de notre association, eux-mêmes ou sur conseil d’un proche, ce sans incitation judiciaire. Ces auteurs de violence sont plus ou moins conscients de leur propre agressivité et de leur violence. Ils souhaitent comprendre, se comprendre, apprendre à communiquer et à être en relation autrement que par la violence. Ils veulent modifier un comportement dans lequel ils ne se reconnaissent pas, qui souvent les dépasse et qu’ils estiment anormal. Ils craignent le jugement et l’incompréhension des professionnels car ils ont souvent déjà évoqué ce problème, plus ou moins directement, avec des professionnels non formés à cette approche. Ce public est malheureusement peu visible et peu pris en compte dans les politiques publiques, c’est-à-dire en dehors de la prise en charge des publics ayant un suivi judiciaire.

Nous avons de plus en plus de difficultés à obtenir des moyens pour travailler ou être entendu et soutenu dans nos actions. Nos actions Violences restent très précaires, dépendantes de subventions publiques incertaines, qui, d’année en année, ont tendance à diminuer, et sont insuffisantes pour couvrir totalement les frais inhérents à nos actions : prestations, locations, frais annexes (téléphone, internet, assurance, etc …). Notre association n’a pas de salariés et notre dispositif repose donc sur des professionnels prestataires et des bénévoles. Malgré cela, notre Équipe reste fort investie mais elle dispose de peu de temps en dehors des actions menées et de la coordination que cela demande. L’absence de conventions pluriannuelles, au-delà du travail administratif demandé, est un facteur de précarité pour une association comme la nôtre qui, du fait de l’absence de visibilité financière à moyen terme, ne peut promouvoir ses actions, sans se mettre en danger sur un plan financier. Cela limite grandement la mise en perspective de nos actions elles-mêmes car nous courons le risque d’une demande accrue d’un public, ce qui rendrait difficile concrètement leur accompagnement, plus particulièrement pour un public sans ressources.
En effet, certaines personnes ne disposent pas de moyens financiers qui leur permettent de se faire aider par des spécialistes (psychologues ou thérapeutes). A noter que les psychiatres sont remboursés par la sécurité sociale et/ou mutuelle quel que soit leur orientation et leur lieu d’exercice.

Nous souhaiterions créer un fond de solidarité destinée aux personnes accueillies, la période économique étant difficile pour tout le monde.
Accepteriez-vous d’être marraine de notre association ? et/ou accepteriez-vous de donner une pièce de théâtre au profit de notre association ?

Je vous remercie par avance de l’attention que vous voudrez bien porter à notre requête et reste à votre disposition pour des renseignements complémentaires.

Bien à vous,

Mme Dominique Arnould
Présidente de l’association Terres à Vivre
Site : https://aterresavivre.org

Mme Elisabeth Perry
Psychologue, Psychothérapeute, Consultante, conseil&formation
Coordonnatrice des actions cliniques et psychosociales de Terres à Vivre
Site : https://elisabethperry.com


A noter que notre dispositif évolue en permanence grâce à une interaction régulière avec d’autres centres agissant sur les mêmes traumatismes (ou difficultés ou problématiques) au niveau national, par le biais de notre rattachement à la FNACAV (Fédération nationale des associations et des centres de prise en charge d’auteurs de violences conjugales et familiales).
Notre association est impliquée dans un projet de recherche européen centré sur la prise en charge des auteurs de violence, en lien avec 5 autres structures européennes, dans le cadre du Programme DAPHNÉ (projet ENGAGE). Cette recherche action a débuté à Barcelone en 2018 et se terminera à Florence fin 2019 par des formations afin de sensibiliser les professionnels à l’identification des situations de violence, des besoins spécifiques d’accompagnement et d’aide d’accès aux soins du public concerné. Le but du guide méthodologique, finalisé au cours de la recherche ENGAGE, vise à les outiller afin qu’ils puissent questionner et s’adresser à chacun des protagonistes de la situation, victimes comme auteurs, tout en veillant à la sécurité des victimes.

Auteur: Association Terres à Vivre

Lettre pour Muriel Robin. Lettre 28.

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Termes ayant menés à cette lettre ouverte
www.aterresavivre;com

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