Lettre pour François Morel

Lettre ouverte de Cyril Leconte à François Morel
“Péril jeune”

vendredi 26 mai 2017,

Bonjour François Morel, Voici ce texte hybride que je voudrais partager : satire, fiction, ... texte un peu hybride sur l'entrée en fonction de notre nouveau président....

Péril jeune


Margaret Thatcher, dirigeante du parti conservateur en 1976 et préparant sa candidature au poste de 1ère ministre anglaise, participa à un colloque sur les vertus de «la main invisible» en économie. Un fougueux cow-boy dont les États Unis ont le secret de fabrication, préféra lui mettre la main au cul pour faire avancer le marché. Margaret, reconnaissant le héros de la comédie romantique «L'aventure à deux», s'émoustilla et se perdit dans les yeux du célèbre acteur. Deux heures plus tard, les 2 dirigeants politiques débarquèrent au Sofitel (Oui, déjà à l'époque) de la ville et une partie de rodéo s'éternisa jusqu'à ce que la jument britannique s'évanouisse de fatigue tandis que Ronald continuait de hennir, allant jusqu'à alerter la sécurité de l'établissement. Miss Thatcher et mister Reagan, par la suite, connurent l'un et l'autre des carrières politiques incroyables, où l'image de la famille jouait un rôle central, qui voua à l'échec la répétition de cette passe d'arme corporelle.

L'histoire aurait pu s'arrêter là : 2 êtres de pouvoir se délassant à la fin d'une journée printanière en Caroline du Nord. Mais la dame de fer tomba enceinte et s'en rendit compte trop tard pour avorter. Catastrophée à l'idée qu'un petit vaurien lui pourrisse sa ligne et sa carrière, Margaret partagea ce secret avec quelques amies intimes et réussit à expulser le fœtus à l'abri des regards indiscrets. Une fois le cordon ombilical coupé, le bébé eut à peine le temps de geindre qu'un avion privé le largua en France, terre d'accueil à cette période. Une petite cousine éloignée de Margaret éleva le bambin. Une relation fusionnelle s'installa entre la nourrice et le petit garçon devenant, plus tard, l'amant de sa nounou.

Quant à Ronald, il n'en sut jamais rien et continua à chevaucher sur tous les terrains, comme tout cow-boy qui se respecte. Avez-vous reconnu l'identité de l'avorton de ces 2 grandes figures mondiales du libéralisme financier ou le doute persiste ?
Alors, en marche...

Emmanuel Macron, nouveau président français, a un potentiel génétique tellement puissant en matière de libéralisme économique qu'il peut aisément faire passer Alain Minc pour un bolchévique ou Attali pour un ancien membre d'action directe. Avec Manu, on ouvre toutes les vannes : il ne doit pas y avoir un grain de poussière qui entrave à la possibilité de faire du fric. Sarkozy ou Hollande, ces 2 petits bras qui ont cherché, pianissimo, pendant une décennie, à «ménager» les Français pour détricoter les acquis sociaux, n'ont pas réussi à jouer leur partition avec panache. Désormais, la musique a changé: fortissimo, avec les trompettes claironnant toutes en fanfare pour célébrer l'arrivée du jeune monarque. Quant aux boursicoteurs, ils ont retrouvé l'énergie de leurs 20 ans. Finis les imitations de De Funes ou les fugues en scooter d'adolescent retardé : Manu et la France, c'est du sérieux...

Brigitte, ça fait un bail qu'elle prépare le presque plus trentenaire à obtenir le poste suprême. A 4 ans et, régulièrement par la suite, la madone lui a fait visionner en boucle la marche solitaire de Mitterrand au Panthéon, s'avançant comme l'homme providentiel. L'idée du Louvre et de sa marche au pas interminable, c'est Brigitte !
La communication, c'est elle ! Même la fin du film «Le professionnel » où Belmondo marche seul, à la vie à la mort, est moins biblique que l'avancée de notre nouveau tribun vers la foule, conquise et béate d'admiration .

Pour Manu, comme tout banquier qui se respecte, ce sont les chiffres qui l'excitent. Après la France qui se lève tôt, puis la France au président «normal», voici la France qui gagne. Et notre gagnant de l’Élysée est bien décidé à utiliser chaque jour de son mandat pour bien se goinfrer. Amis actionnaires, la France est en marche ! Régalez-vous, gavez-vous, c'est un C.D.D. de 5 ans, formule tout compris ! Ensuite, on ne sait pas ce que l'avenir nous prépare. Carpe diem !

Macron reste aussi l'homme qui a éloigné le pas des chemises brunes du pouvoir. Ce n'ai pas rien, concédons-le. Violence économique ou guerre civile, le choix ne se discute pas quand on a un peu de bon sens. Ne soyons pas mauvais perdant...
Avec Macron, on ne quitte pas l'uniforme mais il va falloir marcher au pas du diktat de la finance, n'en déplaise à Hollande...ou au 90% de «perdants» de ce pays qui n'y comprennent rien au cac40.
Après BFM Business, l'arrivée de Macron marque surtout l'intronisation de
«France Business». France télévision ou radio France, c'est déjà une époque révolue avant même leurs transformations en entreprises rentables et, surtout, juteuses. Car le profit sans le goût du jus, Manu le prend comme un échec. Si en Amérique, ils ont leur Donald pour amuser la galerie, nous, on a notre Mickey pour distribuer les cadeaux. Sauf qu' il ne compte pas partager le pactole avec 65 millions de petits neveux. En homme de chiffre, Manu a vite compris qu'il faudrait mettre le holà sur les potentiels neveux en leur servant une nouvelle sauce anglo-saxonne : la Flé-Xi-Sé-Cu-Ri-Té.

En bon monarque, il a constitué sa cour dont on retiendra surtout le bras droit et le bouffon. Les traditions sont respectées.
Edouard Philippe, qui , contrairement à ce que pourrait laisser supposer son nom, n'est pas le descendant d'un roi et n'a rien de royaliste mais serait issu d'une famille de dokers. Toutefois, lui, contrairement à ses ancêtres, a, comme Manu, fait l' ENA. Puis, il a ciré les pompes à Juppé jusqu'à sa défaite des dernières primaires. Enfin, notre Edouard a participé activement à la campagne présidentielle au côté de Fillon, avant de se retirer au moment du Penelope Gate. Homme éthique ou qui a bien senti tourner le vent (laissons-lui l'avantage du doute), toujours est-il qu'il a rejoint le groupe Areva en 2007 avec pour fonction de s'assurer de la collaboration des hommes politiques acquis au lobby de l'atome.

Tout autant atomique devient donc la décision de mettre en vitrine Nicolas Hulot, même dans un bocal, en le nommant ministre de l'écologie. En évoquant le nom de l'animateur vedette, on entend tous cette petite musique relaxante de l'émission «Ushuaïa» et nous nous souvenons d' un aventurier articulant chacun de ses mots, avec une élocution à rendre jaloux la plupart des orthophonistes, pour décrire ces moindres gestes. Pour ceux qui estiment que Balzac va trop dans le détail, revisionner une émission d' «Ushuaïa» et vous trouverez finalement Balzac assez synthétique...

On se rappelle également son amour pour Victor Hugo qu'il ne pouvait s'empêcher de citer à chacune de ses apparitions dans le petit écran.
De 2 choses l'une. Soit l'animateur est devenu assoiffé de pouvoir et s'associe à un groupe d'individus qui promet exactement le contraire des idées du présentateur : sortir du nucléaire, stopper les travaux de l'aéroport de Notre-dame- des Landes, ... Soit le petit Nicolas n'a pas bien compris où il a posé ses fesses et la nature gloutonne de ses nouveaux camarades. Dans ce second scénario, il serait bienvenu qu'un de ses amis le fasse remonter à la surface et lui enlève son scaphandre pour que notre aventurier puisse y voir plus clair.

Par ailleurs, Hulot qui évoque Victor Hugo à tout bout de champs, serait bien inspiré de se remémorer certains propos du poète : «Ouvrez des écoles, vous fermerez des prisons». Car, avec Macron, alors que la France avait déjà une des politiques carcérales les plus dures d'Europe avec une faible utilisation du bracelet électronique, il est prévu la construction de nouvelles prisons pour aboutir à 17 000 places supplémentaires. Quant à d'éventuelles ouvertures d'écoles, c'est l'omertà la plus totale.

Alors que le pays entier cherche à savoir si Hanouna est devenu débile ou le joue, il a désormais un sérieux concurrent dans l'équipe gouvernementale actuelle. «Touche pas à mon poste» présenté par Hulot, c'est une idée qui devrait plaire au CSA,
peut-être moins au public.
Attendez, quelqu'un sonne à ma porte, à moins que, non, ce n'est pas possible, encore ces salauds d'Anglais avec leur foutue mélodie qui raisonne dans tout mon être...
dring, .. dring,... dring,...

Money, get away 
Get a good job with more pay and you're OK 
Money, it's a gas 
Grab that catch with both hands and make a stash 
New car, caviar, four star dreaming 
Think I'll buy a football team 








Auteur: Cyril Leconte

Lettre pour François Morel. Lettre 32.

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