Lettre pour Élise Lucet

Lettre ouverte de rootsska à Élise Lucet
“Enseignement”

lundi 7 novembre 2016,

Bonjour Élise Lucet,

Je suis régulièrement vos reportages car ils permettent de montrer certaines choses que l'on nous cache. J'ai vu votre reportage sur l'Education Nationale du jeudi 3 novembre. Je l'ai trouvé intéressant même s'il ne montrait pas le fait que certains enseignants, recrutés de la même manière que votre collaborateur, ont eux la pédagogie et les compétences pour enseigner. Tous les contractuels ne sont donc pas de mauvais profs. Il faut savoir également que les contractuels peuvent également être inspectés alors que ces derniers n'ont aucune formation pour les accompagner dans leur profession. Certains sont recrutés en tant que vacataires; pouvant avoir 6 heures de cours semaine réparties sur plusieurs jours et ne reçoivent pas d'indemnité pour les réunions, conseils de classe... alors qu'il faut bien qu'ils y participent pour le bien des élèves.

Je tiens également à vous parler de l'enseignement privé agricole car je travaille dans un de ces établissements. Les enseignants y sont recrutés, s'ils n'ont pas le statut de titulaire grâce au concours, par le chef d'établissement. Ils ont alors un contrat de droit publique avec une clause suspensive de 2 ans. La clause suspensive ne peut être levée que par une inspection validant la capacité de l'enseignant à exercer son métier. En théorie, chaque enseignant peut avoir droit à une inspection "conseil" puis une inspection pour faire lever la clause. Si celle-ci est négative, l'enseignant peut bénéficier d'une seconde et dernière inspection afin de lever la clause suspensive. En pratique, certains inspecteurs n'utilisent pas l'inspection conseil et l'enseignant n'a donc que deux inspections pour faire lever cette clause. Si les deux inspections sont négatives, l'enseignant doit terminer l'année scolaire, peut même se voir convoqué aux oraux d'examens et aux corrections (même si dans certains rapports on peut voir écrit que l'enseignant en question est presque dangereux pour la réussite des élèves...) car le personnel manque toujours.
Si la direction est bienveillante, elle accompagne son personnel lors des inspections prévues et propose de payer des formations (souvent ces dernières sont dirigées par des inspecteurs; ces derniers appréciant que l'on suive leurs travaux). Mais parfois le personnel enseignant n'a aucun accompagnement, à part celui des collègues si l'ambiance de l'équipe le permet.
Certains inspecteurs n'ont pas le statut d'inspecteur mais ont l'appellation: "faisant fonction de.." Certains rapports ne sont pas présentés de manière objectives et ne sont qu'un cumul de reproches personnels sans proposition d'amélioration. Les conséquences de tels rapports sur les personnes concernées sont énormes, psychologiquement et financièrement.
Les enseignants des établissements privés agricoles sont inspectés par les inspecteurs du public car il n'y a pas d'inspecteurs rattachés au privé (la petite guerre entre public/privé peut avoir un impact sur les résultats d'une inspection même si cela ne sera jamais avoué ouvertement). Lors d'une inspection, seul un (ou une) inspecteur vient, ce qui ne favorise pas l'objectivité. Pour certaines matières, il n'y a qu'un seul inspecteur pour toute la France! Dans ces cas-là, il faut se dépêcher à inspecter les personnes pour vite sauter dans un train et se rendre ailleurs. Pas vraiment le temps de s'arrêter sur l'humanité!! En théorie, après une inspection, l'enseignant a un entretien avec l'inspecteur et sait s'il est validé ou non à la fin de cet entretien et le rapport d'inspection écrit est envoyé dans les deux mois qui suivent l'inspection. En pratique, l'inspecteur peut laisser planer le doute et le rapport écrit peut mettre trois ou quatre mois à arriver. Les inspecteurs sont très occupés bien sur mais où est le respect de l'être humain? Avec une réponse positive ou négative, la personne sait à quoi s'en tenir et peut avancer.
Le délégué syndical régional interrogé suite à l'inspection défavorable d'un collègue (avec propos humiliants et irrespectueux de l'inspecteur) a dit qu'il n'y avait pas vraiment de recours si l'inspecteur avait décidé qu'il ne voulait pas du collègue dans l'enseignement. Le SRFD (Service Régional de la Formation et du Développement) de région, service de la DRAAF (Direction Regionale de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt) qui gère l'enseignement agricole public et privé, a été contacté également. La réponse a été que l'inspection était une administration dans l'administration et qu'il n'avait aucun pouvoir sur elle même si en théorie ils sont censés pouvoir avoir une certaine influence... En regardant sur les forums on peut voir que certains enseignants qui n'avaient pas été validés ont fait des démarches administratives pour dénoncer une inspection abusive. Certains ont eu gain de cause mais leur dossier fut marqué à l'encre rouge, l'avancement dans la carrière limité et si la direction était proche des inspecteurs, la vie de tous les jours au travail difficile...
A la différence de l'Education Nationale, ces inspecteurs ont un pouvoir extrême et en jouent par toujours à bon escient. Certains inspecteurs sont amis ou proches et ne vont donc pas désavouer leur collègue s'ils viennent faire la deuxième inspection d'un enseignant. Où est l'objectivité? Le respect de l'être humain? L'intérêt pour le développement des jeunes et des enseignants qui les accompagnent?

Cordialement,

Rootsska

Auteur: rootsska

Lettre pour Élise Lucet. Lettre 1099.

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