Lettre pour Bertrand Tavernier

Lettre ouverte de Tardieu Jean-Claude à Bertrand Tavernier
“Votre procès”

jeudi 16 janvier 2014,

Bonjour Bertrand Tavernier,

Cette lettre n'est pas à publier dans votre portail, je n'ai pas trouvé d'autres moyens pour vous joindre (je vis en Inde), vous m'en excuserez.

Bien à vous.

Tardieu Jean-Claude

(référence à un article du Figaro du 14 janvier 2013 dont j'ai reproduit hier des extraits dans mon portail (www.luttedeclasse.org.), suit le commentaire que j'avais ajouté.)

Au passage Le Figaro se permet d'accuser Tavernier de jésuite. Apparemment Tavernier avait un mauvais avocat, ce qui ne veut pas dire que le verdict aurait été différent s'il en avait eu un bon, disons que son argumentation aurait dû être plus convaincante, on va essayer de montrer en quoi très rapidement.

Bertrand Tavernier avait dit lors de cette émission "quand vous voyez le film", or le tribunal correctionnel de Paris a délibérément décidé de ne pas en tenir compte, donc il s'est prononcé non pas sur la base des faits, il a décidé arbitrairement d'occulter le contexte dans lequel ces propos avait été tenus, la réaction à un film, donc leur origine, un film et rien qu'un film, pour les transposer dans un autre contexte ou substituer au contexte d'origine un autre contexte, ce qui est parfaitement malhonnête, une affaire judiciaire bien réel l'affaire d'Outreau, remplaçant ainsi un personnage imaginaire présent dans un film ou une fiction par une personne bien réelle dans la réalité.

Une fois ce transfert réalisé, ce procès changeait totalement de nature, devaient être jugés les propos que Tavernier avaient adressés directement au juge Fabrice Burgaud, qui pouvaient être interprétés comme diffamatoire et tomber sous le coup de la loi, sans ce tour de passe-passe cela aurait été impossible. On est donc en droit d'affirmer que le juge qui a rendu ce verdict avait décidé avant même la tenu de ce procès que Tavernier était coupable et qu'il serait jugé comme tel.

Cette affaire est terriblement grave, une atteinte à la liberté d'expression bien plus insupportable que le cas Dieudonné parce que Tavernier est véritablement de gauche et partage nos idées politiques à ma connaissance, ce qui n'était pas le cas de Dieudonné.

Si on a bien compris, désormais en France vous devrez vous y reprendre à deux fois avant de tenir des propos en public sur un personnage de fiction dont le clone existe dans la réalité ou a existé dans le passé s'il possède encore une descendance, de crainte d'être trainé devant un tribunal s'il leur venait l'idée de porter plainte contre vous.

Les procureurs des tribunaux d'exception pourraient aller encore beaucoup plus loin et accepter toute plainte déposée par des personnes proches de celle qui aurait fait l'objet de propos "excessifs" car se sentant visées ou outragées, diffamées, leur dignité ignoblement atteinte, leur probité ou moralité remise en cause, etc.

Nous soutenons Tavernier, il devrait faire appel de ce jugement scélérat, il faut le dénoncer.

Au fait où sont passés les vaillants défenseurs de la liberté d'expression, ceux qui dénoncent ces atteintes en Russie, en Chine, au Venezuela, à Cuba, en Syrie, en Iran ? A suivre.

(J'ai rédigé cela très vite hier par manque de temps, il y a matière à dénoncer la méthode qui tend à criminaliser toute critique des institutions (en France ou en Israël d'ailleurs), à faire taire tout opposant à l'ordre établi qui n'a rien de démocratique et qui rime avec dictature ou barbarie (en France et dans le monde à des degrés divers).

Auteur: Tardieu Jean-Claude