Lettre pour Philippe Torreton

Lettre ouverte de Sylvie ROZEROT VIS à Philippe Torreton
“Merci”

jeudi 25 septembre 2014,

Merci.
Merci pour ce livre magnifique, "Mémé", femme courage dont je me sens terriblement proche.
Parce que j'apprécie plus que tout les belles personnes, celles qui ne renient pas leur origine plus que modeste, s'il en est, lorsqu'elles tirent leur épingle du jeu, comme vous, je vous dis merci.
Je vous le dis, je vous l’écris.
Merci pour l’émotion.
Merci pour le plaisir.
J’ai été très émue (j’en ai encore les poils des bras qui se hérissent), par son contenu mais aussi par son écriture où le mot juste est toujours choisi, la pudeur, de rigueur mais aussi la tendresse pour faire le portrait de cette femme qui recyclait tout sauf l’amour des siens.
Ces mots qui trouvent un écho particulier chez moi parce que Mémé, c’est aussi un peu la mienne, celle que j’ai le plus fréquenté dans mon enfance.
« Mémé de Montrouge » contrainte de fuir son Alsace natale en 1935 pour trouver un gagne pain à la capitale.
Cette mémé qui ne connut qu’une vie de labeur et de douleur à l’usine et les sorties au parc Montsouris le week-end.
Cette mémé qui portait son accent comme un étendard à Paris et qu’on appelait « la parisienne », là-bas, dans le bassin minier de Wittelsheim où elle a passé toute son enfance.
Cette mémé-là, non plus, elle n’a jamais bien su m’embrasser ! ça ne claquait pas sur la joue car dans ma famille, l’amour ne se dit pas, non, l’amour ne se dit pas.
C’était toujours « en l’air », raté, quand ce n’était pas un simple coup de tête en guise de bienvenue.
Chez elle, le seul luxe, c’était l’odeur du kouglof qui embaumait le dimanche tous les étages du petit 2 pièces que mes grands-parents louaient près de la porte d’Orléans. Une sorte de taudis sans commodités avec pour seul chauffage un poêle à charbon, mais un « chez eux » qu’enfants, nous appréciions beaucoup ma sœur, mon frère et moi parce qu’il se situait en rez de jardin et que c’était pour nous qui vivions au dixième étage d’un immeuble à Bagneux, une délivrance dominicale !
J’en ai déterré des salades pépé ! J’en ai cueilli de belles fleurs pour mémé, celles-là même que tu regardais pousser pour mieux oublier la dureté de ta tâche à l’usine. Ton jardin, c’était ta récréation à toi, celle qui améliorait le quotidien, celle qui liait l’utile au nécessaire, aussi…Je me souviens encore de la cage à oiseaux qui pendait dans la cour les jours de beau temps…Tout une époque, enfuie, mais dont je garde encore le goût et l’odeur âcre de la cave où se trouvait la réserve de charbon….
Merci donc.
Je sais, moi aussi, combien il est touchant de partager l’émotion de ses lecteurs. C’est même la seule chose qui compte après la traversée du désert, cette solitude que l’on ressent lorsqu’on lâche l’écriture et que l’on commence le parcours du combattant avec les éditeurs… C’est un peu comme prolonger le bonheur qu’on a eu à écrire.
Je partage parfois ce bonheur-là car j’écris moi-même. Mais je ne m’appelle pas Torreton et mon seul nom ne suffit pas à déclencher les envies chez les éditeurs. Pas de paris gagnants donc sur mon seul nom et c’est sans doute mieux ainsi bien qu’il devrait éveiller les soupçons chez les « zoliens »….
Pour vous remercier encore je ne résiste pas à l’envie du partage et vous communique « le lien qui va bien » et vous souhaite un agréable moment littéraire, une récréation que j’espère vous prendrez.

http://www.monpetitediteur.com/librairie/livre.php?isbn=9782748398663

J’ajouterais aussi qu’après avoir lu votre lettre écrite à « notre Jean des sources, notre Jean des encres », je ne peux que faillir à cette tentation de prendre la plume.
Pour moi Ferrat ne peut susciter qu’une admiration sans borne.
Vous partagez cette admiration alors vous êtes forcément un « mec bien ».

Il disait « plaire à tout le monde et à personne, ce n’est pas donné à n’importe qui »….J’aime cette idée qui consiste à ne rien concéder aux plus offrants !
Bien à vous donc. Je vous embrasse, tiens !
Sylvie ROZEROT VIS
PS : « On » se souvient tous de ce qu’on faisait à 20 heures les 10 Mai 1981…J’avais 15 ans et j’étais en tailleur, seule, dans le canapé familial (les parents au dépouillement !) me tordant les doigts en attendant le verdict….Après il y a même eu « Elle court, elle court la banlieue » avec l’excellent Higelin et Marthe Keller….Et après, ce fut la Bastille sous les hallebardes dont je ne me souvenais plus mais qu’un document passé récemment à la télé vient de révéler…Le lendemain c’était l’annonce du décès de Bob Marley à France Inter….C’est sans rapport, mais mon esprit a été marqué à ce moment-là d’une façon indélébile.

Auteur: Sylvie ROZEROT VIS

Lettre pour Philippe Torreton. Lettre 24.

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