Lettre pour Bertrand Tavernier

Lettre ouverte de françois xavier corbel à Bertrand Tavernier
“non, la double peine n'a pas été abolie”

vendredi 20 janvier 2012,

Bonjour Bertrand Tavernier,

Je me permets, via ce réseau, de vous adresser ce message suite à l'écoute attentive de votre passage à France Inter mardi soir. J'ai en effet été surpris d'entendre de votre bouche le fait que la "double peine" avait été abolie par notre président en exercice. Certes le mouvement auquel vous avez fortement contribué a renforcé certaines protections mais au final, le bilan est plus que mince et personne ne peut objectivement parler de l’abolition de la double peine. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle les mêmes associations (LDH-CIMADE-GISTI -MRAP) ont dès 2006 dénoncé cette réforme en trompe l'œil dans un "livre noir de la double peine - le constat d'un mensonge" de mars 2006 où l'on apprend de l'aveu même du ministère de l'Intérieur que le bilan en 2005 était contraire au but soi-disant recherché puisque le total des interdictions du territoire français et des arrêtés d'expulsion exécutés avait globalement augmenté (celles prononcées étant quasiment stable - source ministère de l'Intérieur). Pour preuve de cette manœuvre encore, la proposition de loi actuellement en cours visant à "renforcer l’effectivité de la peine complémentaire d’interdiction du territoire français et visant à réprimer les délinquants réitérants ». Vos propos peut compréhensibles sur la double peine le sont encore plus lorsque vous semblez vouloir opposer Nicolas Sarkozy qui aurait eu la sagesse après le visionnage de votre film « des vies brisées » de mettre fin à cette injustice, à Claude Guéant qui lui voudrait encore ajouter des obstacles à l’intégration professionnelle des élites étrangères. Pensez-vous sincèrement que Claude Guéant agisse sur le terrain de l’immigration sans l’aval du président de la République alors qu’il n’est que son fidèle serviteur ?
Nombre d’invités de la première heure à la table de Niclas SARKOZY, issus tant du monde artistique qu’associatif, qui avaient fait part de leur bonne impression sur la volonté du candidat devenu président ont depuis publiquement déclaré qu’ils avaient été bernés. L’exemple de la double peine ne pouvait objectivement les conduire à un autre constat. Je ne comprends pas pourquoi tel n’est pas votre cas et je souhaite, notamment en tant qu’admirateur de votre cinéma, comprendre pourquoi.

Bien à vous

Auteur: françois xavier corbel